Empêchés pendant près de deux ans à cause du covid, les "Rencontres pour le lendemain" organisées par la Médiathèque du Saint-Esprit ont repris leur élan en donnant, ce 25 mai, à l'écrivain Raphaël Confiant "Carte blanche".
Devant un public nombreux et après que la directrice de la médiathèque, Mme Yaïssa Arnaud et la responsable de la culture à la municipalité de Saint-Esprit aient prononcé un mot de bienvenue, Daniel Boyer-Faustin, président de l'association "BALISAILLE", co-organisatrice de ces rencontres, a indiqué qu'à compter du lendemain 26 mai et cela pendant trois jours, un jury composé de poètes de la Martinique, de la Guadeloupe, de l'île Maurice, d'Haïti et de France, examinerait les textes d'un concours de poésie en français et en créole lancé par ladite association.
La parole fut ensuite donnée à Raphaël Confiant qui, selon le principe de la "CARTE BLANCHE", pouvait organiser la soirée à sa guise en choisissant ses thèmes d'intervention et ses différents invités. Se succédèrent ainsi Gerry L'Etang, Max Rippon, Georges-Henri Léotin, Térez Léotin et Daniel Boyer-Faustin, chacun donnant un éclairage sur la personnalité de l'invité et sur ses livres. Ce dernier évoqua d'abord son enfance à la campagne du Lorrain et son ancrage dans nos deux langues, le créole et le français. Sa génération, celle qui est née dans les années 50-60, est "la dernière de la société d'habitation, société tri-séculaire qui s'étendit de 1660 à 1960", ajouta-t-il, et "nous sommes donc devenus vieux à l'âge de vingt ans". Tout cela explique, selon lui, sa difficulté, voire son impossibilité, à écrire des livres qui se déroulent dans le présent.
Gerry L'Etang, professeur d'anthropologie à l'Université des Antilles et nouveau romancier (avec La Désapparition sortie récemment aux éditions Project'îles) évoquera le travail de Confiant au niveau des Etudes créoles à l'université, cela aux côtés du Pr Jean Bernabé pendant plus de deux décennies. Travail de publication des travaux des chercheurs du GEREC (Groupe d'Etudes et de Recherches en Espace Créole), instauration d'une Licence et d'un Master de créole, lutte pour la création d'un CAPES de créole etc...Puis, ce fut au tour du poète guadeloupéen Max Rippon d'évoquer sa rencontre avec R. Confiant et Jean Bernabé en Guadeloupe un certain 28 octobre, ces deux derniers étant venus le soutenir à l'occasion de la publication de son tout premier recueil de poèmes. Georges-Henri Léotin, lui, évoqua le journal Grif An Tè, entièrement rédigé en créole et qui publia 52 numéros entre 1977 et 82, journal dont R. Confiant fit partie du comité de rédaction. Ce dernier invita alors la poétesse Nicole Cage à lire quelques-uns des textes en créole extrait du recueil Jou baré, seule publication poétique à ce jour de Confiant.
Ensuite, l'écrivaine Térez Léotin évoqua les énormes difficultés qu'elle eut en tant qu'institutrice dans les années 80 à tenter d'introduire la langue et la culture créole dans ses différentes classes et rappela les formations organisées par le GEREC, notamment le DULCC (Diplôme Universitaire de Langues et Cultures Créoles) a sein duquel R. Confiant fut l'un des enseignants.
La "CARTE BLANCHE" s'acheva avec une formidable prestation de conteur de Daniel Boyer-Faustin à la demande de R. Confiant qui rappela qu'en 1985, il avait coorganisé avec Marcel Lebielle la première "Nuit du Conte créole" de la Martinique, cela au Morne-des-Esses, et que ce soir-là, D. Boyer-Faustin, qu'il ne connaissait pas à l'époque, avait stupéfié le public. Ce dernier en fit de même à la Médiathèque du Saint-Esprit ce 25 mai !
Bien que l'horaire prévu ait été nettement dépassé, le public fut enfin invité à poser des questions à l'invité, questions auxquelles R. Confiant répondit volontiers, la manifestation se clôturant par un pot de l'amitié. A noter que celle-ci était retransmise en direct sur Facebook live grâce à Faubert Bolivar.
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