Les stupéfiantes facultés divinatoires de Concept Lapierre, voyant du Morne-des-Esses

Raphaël CONFIANT

03/08/2022 - 13:00
Rubrique
Intro

    Concept Lapierre, le voyant (séansié en créole) le plus éminent et le plus reconnu de la Martinique est décédé en ce début du mois d'août à l'âge vénérable de 91 ans. Je l'avais rencontré par deux fois dans les années 80-90 du siècle dernier. En effet, je m'intéressais aux derniers conteurs créoles de la Martinique, pour la plupart septuagénaires et octogénaires à l'époque, et j'en avais tiré un ouvrage, publié chez Gallimard, Les derniers maîtres de la parole créole, accompagné de magnifiques photos en noir et blanc de ceux-ci dans leur vie quotidienne, photos réalisées par David Domoison. 

Texte

 

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   C'est tout naturellement vers le coeur du pays, à savoir le Morne-des-Esses, que je m'étais principalement dirigé avec celui qui m'introduisit dans le monde secret des conteurs, Marcel Lebielle, directeur d'école primaire, agriculteur sur son temps libre et auteur d'un recueil de poèmes en créole,  Fléri-Noel (Presses Universitaires Créoles, 1988), malheureusement décédé en mai 2017, chose qui avait provoqué en moi un chagrin d'amitié. Il fut, en 1984, l'un des premiers diplômés du DULCC (Diplôme Universitaire de Langues et Cultures Créoles) créé par le linguiste et créoliste Jean Bernabé à l'Université des Antilles et de la Guyane. 

 

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   Nous avions donc battu, Marcel Lebielle et moi, les quartiers de Bezaudin, de Lari Milat, de Pérou et de Saint-Aroman, pendant trois ans pour tirer de leur torpeur de vieux conteurs que la société martiniquaise en était venue à marginaliser, voire à mépriser. Les veillées mortuaires n'existant plus, les gens décédant désormais à l'hôpital, le conte créole avait perdu son espace d'expression, son espace vital. 

   Un jour, je finis par m'interroger sur tout un lot de voitures qui stationnaient au quartier Pérou au pied d'une maison d'allure modeste, perchée sur un petit monticule. Quelque soit l'heure où nous passions devant elle, il y avait toujours une file de véhicules et pour certains de grosses cylindrées (Mercedes, BMW etc.) dont la présence était tout à fait insolite en pleine campagne.

   __C'est chez Concept Lapierre, me dit Marcel Lebielle avec un sourire amusé. C'est le plus grand séancier de la Martinique. Enfin, séancier, quimboiseur, mentor, docteur-feuilles, médium ou melchior, ce métier-là a un tas de noms. Ha-ha-ha !

   __Ah bon ? 

   __ Maurice Mességué, tu sais le Métro qui a écrit un livre sur la sorcellerie en Martinique, il a toujours déclaré qu'ils sont tous des charlatans, sauf un seul. Concept Lapierre ! 

   __Et c'est à qui ces belles voitures ?

   __A ses clients ! On vient le voir de partout en Martinique.

   Deux jours plus tard, je me procurai cet ouvrage à la bibliothèque Schoelcher car il était devenu introuvable en librairie. Le dénommé Mességué, en effet, démolissait nos quimboiseurs en les traitant effectivement de charlatans et de voleurs, n'en ménageant qu'un seul, celui du quartier Pérou, au Morne-des-Esses. De quel droit, me disais-je ? Il sort d'où ce type pour venir nous dire ce qui est bon et pas bon ? En plus avec un ouvrage au titre passablement racoleur mais publié tout de même, en 1968, chez Robert Laffont.

 

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   Entre temps, l'enquête sur les conteurs avançant à grand pas, je me mis à m'intéresser, ayant la fâcheuse manie de travailler sur plusieurs projets en même temps, et toujours avec l'aide précieuse de Marcel Lebielle, à un autre personnage, Jean-Ba, fossoyeur de la commune de Basse-Pointe, qui assurait parler en rêve avec les morts. Il prétendait surtout connaître ce qu'il appelait les "90 pouvoirs d'un mort" et fort intrigué, je délaissai un temps mes vieux conteurs du Morne-des-Esses pour me rendre régulièrement à Basse-Pointe afin d'enregistrer ses propos. Ce qui m'intéressait tout particulièrement chez lui, c'était le mélange de croyances amérindiennes, africaines, chrétiennes et hindoues (ladite commune comportant une forte composante d'Indiens du sud de l'Inde amenés, en 1853, à la Martinique afin de remplacer les Noirs fraichement libérés de l'esclavage qui ne voulaient plus "couper la canne pour le Béké"). De mes entretiens avec le fossoyeur Jan-Ba qui durèrent un an et demi, je décidai de tirer un livre, forcément écrit en créole car s'il lisait le journal FRANCE-ANTILLES tous les jours, il était peu à l'aise en français à l'oral. Bien entendu, s'il me révéla les "pouvoirs d'un mort", Jean-Ba n'en énuméra que 89, me lançant :  

   __Man pa ni dwa ba'w 90è-la. Sé sigré lavi ki la ! (Je n'ai pas le droit de te donner le 90è. C'est le secret de la vie !).

 

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   Puis, je revins à mes vieux conteurs du Morne-des-Esses que Marcel Lebielle et moi avions décidé de rassembler dans une association dénommée Kontè sanblé. Notre objectif était double : les faire animer les quelques veillées mortuaires des rares personnes qui décédaient encore à leur domicile, créer une "Ecole du conte créole" au sein de laquelle ils enseigneraient leur art à des adolescents et pousser les municipalités à mettre sur pied des festivals du conte. C'est ainsi qu'en août 1985, à l'école primaire du quartier Pérou, Kontè sanblé organisa la toute première "Nuit du conte créole" de la Martinique. Par la suite, diverses municipalités reprirent fort heureusement l'idée. Par contre, pour ce qui fut de l'animation des veillées mortuaires et surtout notre "Ecole du conte", si l'affaire démarra plutôt bien, elle ne dura malheureusement pas. Il y avait trop peu de gens qui décédaient à domicile, d'une part et de l'autre, les parents des apprentis-conteurs se montrèrent de plus en plus réticents à laisser leurs enfants entre les mains de vié Neg, soupçonnés d'ailleurs pour certains d'être des quimboiseurs. Ce en quoi, ils ne se trompaient pas tout à fait ! L'art du conte exigeait, en effet, de connaître certaines pratiques magico-religieuses, notamment celles permettant de retenir, à l'âge très avancé des conteurs, une myriade de contes et surtout de pouvoir les réciter tout au long de la nuit puisqu'une veillée mortuaire commence sur les 8 ou 9h du soir pour s'achever à 4h du matin. 

   Mais si le fossoyeur de Basse-Pointe, Jean-Ba, avait fini par me livrer ses secrets, par contre les vieux conteurs créoles du Morne-des-Esses s'y refusèrent tout net, voyant en moi un ti milat (petit-bourgeois) francisé bien trop curieux ("fouyaya", disaient-ils). Déjà qu'on te récite nos contes en plein jour, ce qui est interdit, tu ne vas quand même pas croire qu'on va te dire comment on fait pour en retenir autant ? m'avait tancé l'un des plus extraordinaires d'entre eux, Tintin Defrel dont voici la photo.

 

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   Réciter un conte en plein jour est, en effet, formellement interdit par la tradition sinon on risque de se transformer en panier ou en bouteille. Moi, c'est une bouteille (de rhum) justement qui me permettait d'amener subrepticement (malhonnêtement ?) les conteurs à enfreindre cet interdit. Je débarquais chez eux l'après-midi (le matin, ils étaient occupés à leur jardins créoles ou leur bétail) avec une bouteille de rhum Neisson, l'Empereur des eaux-de-vie de canne à sucre de la Martinique avec sa bouteille aux "épaules carrées", et je discutais de tout et de rien avec eux tout en les faisant boire. Au bout d'un moment, l'interdiction de conter de jour était oubliée et j'allumais mon petit magnétophone. Il n'y a pas de quoi être fier de cette manœuvre mais je n'avais aucun autre moyen, ces "vieux-corps" allant se coucher assez tôt dans la soirée.

   __Je veux voir Concept Lapierre !" avais-je lancé à l'un d'eux par provocation et surtout pour le ramener habilement sur le terrain magico-religieux du conte créole.

   __Enben, anni téléfonnen'y, non ! (Eh bien, téléphone-lui !), me rétorqua-t-il.

   J'en ai été abasourdi. J'étais persuadé qu'on venait voir un quimboiseur en catimini et qu'on ne prenait pas de rendez-vous comme chez un médecin. S'agissant de Lapierre je me trompais : son numéro était bel et bien dans l'annuaire. Je téléphonai quelques jours plus tard et tombai sur une voix féminine qui me déclara sur un ton professionnel "Vous avez le numéro 11. Venez mardi à partir de 9h du matin !". Elle ne m'avait demandé ni mon nom ni mon adresse !!! Je lui dis vouloir venir plus tôt mais elle me déclara, sèchement cette fois, que "Monsieur commence à travailler à 4h du matin et il y a déjà une vingtaine de personnes inscrites avant vous".

    Au jour dit, j'étais là et garai difficultueusement ma voiture sur le bas-côté de la route qui longeait le domicile de Concept Lapierre, route déjà encombrée par celles des...clients du voyant. Je pénétrai alors dans sa maison, une maison quelconque, arrivai dans une salle d'attente tout ce qu'il y avait de plus banal où attendait encore deux hommes et une femme dans la quarantaine, une Mulâtresse qui à ses vêtements et ses bijoux ne devait pas du tout être une habitante du quartier, ce Morne-des-Esses rural et assez isolé à l'époque (milieu des années 80 du 20è siècle). Dès que j'étais entré, la "secrétaire" de Lapierre me demanda mon numéro (le 11 donc) mais toujours ni mon nom ni mon adresse, m'invitant à m'asseoir avec les autres clients. Un silence inhabituel régnait dans la maison. Je vis la Mulâtresse s'essuyer les yeux avec un mouchoir. Ils étaient tout rouges. Ni elle ni les deux autres clients ne me jetèrent le moindre regard.

   Soudain, une porte s'ouvrit et un homme apparut, assez jeune. Un client qui sortait du cabinet de Concept Lapierre. Il avait l'air rasséréné et fit un bref signe de tête à la secrétaire. Puis, je dus attendre près d'une heure et demi avant que ce ne soit mon tour, les consultations des trois personnes qui me précédaient ayant duré plus longtemps que je ne l'avais imaginé. Quand la Mulâtresse sortit du cabinet, elle avait l'air aussi "chiffonnée" qu'auparavant et fila très vite, sans un regard ni un mot pour la secrétaire. Final de compte, cette dernière m'indiqua que je pouvais y aller. Je pénétrai alors dans le cabinet du voyant qui était assis derrière un bureau dans une demi-pénombre. Le cabinet comportait une pièce principale et une autre plus petite où se trouvait un grand baquet métallique et des paquets de feuillages posés à même le sol. 

   __Bienvenu, me fit Lapierre en français, ce qui me surprit. Je vois que vous ne souffrez d'aucun mal et que vous cherchez à comprendre, hein ?

   J'étais horriblement gêné. Il ne pouvait pas me connaître puisque je n'avais publié jusque-là que des livres en créole (qui avaient eu très peu de lecteurs) et seulement deux en français. Je ne passais donc pas encore à la télévision et à l'époque, l'Internet n'existait pas. Evidemment, je ne sus quoi répondre au voyant bien que son ton ait été bienveillant, presque guilleret. Je jetai un œil sur son bureau : un chandelier avec trois bougies allumées, un gros livre à couverture noire qui me sembla être une Bible, un pot contenant une multitude de crayons noirs et surtout de grandes feuilles de papier de couleur mauve. Et soudain, Lapierre de s'emparer de l'une d'elles et d'un crayon pour se mettre à tracer à une vitesse stupéfiante des lignes qui ressemblaient à de la sténographie ou à quelque langue orientale ! Ce faisant, il "interprétait" dans le même temps ce qu'il écrivait, me disant un nombre invraisemblable de choses sur moi, ma famille, ma maison etc... qui étaient toutes PARFAITEMENT EXACTES ! 

   Un doute traversa mon esprit : il avait probablement pris des renseignements sur ma personne. En bon rationaliste et athée que j'étais (et suis encore), je ne pouvais pas imaginer que Lapierre sut tant de choses me concernant sans savoir ni mon nom ni mon adresse. Sauf qu'à un moment, il me révéla une chose si intime, inconnue de bon nombre de mes amis, que j'en tremblai et cessai de le regarder.

   __Ah, cette petite pièce qui semble vous intéresser, fit-il, délaissant soudain ses grandes feuilles de papier et son crayon, c'est ma salle de bains. Enfin, la salle où je fais des bains pour certaines clientes...Les paquets de feuilles, c'est du corossol, du cachiman, des pommes-liane. La dame que vous avez dû voir sortir tout à l'heure, c'est la fille d'un grand politicien. Je lui ai fait un bain... Vous savez, je fais beaucoup de bains pour les femmes, surtout pour les institutrices... Elles ont souvent des peines de cœur.

   Je retins un fou-rire. D'un seul coup, je cessai de jouer au client. Ne lui donnant toujours pas mon nom, je lui avouai que j'étais venu le consulter par pure curiosité. Pour savoir s'il était vraiment le plus grand voyant ou "séancier" de la Martinique et surtout s'il possédait vraiment des dons. 

   __Ansanm ou antré, man wè sa ! (Dès que vous êtes entré, je l'ai su !) me lança-t-il sans la moindre animosité. 

    J'en profitai pour lui poser des questions. Il refusa que j'allume mon petit magnétophone mais accepta de me répondre. D'emblée, il me révéla que son don était apparu lorsqu'il était à l'école primaire : quand la maîtresse faisait la leçon, donnait une explication ou s'apprêtait à poser une question, il savait quelques minutes avant ce qu'elle dirait !!! A la fin de notre entretien, je lui demandai combien je lui devais pour la consultation. Concept Lapierre se rétracta alors et me dit, en créole cette fois :  

   __Man pa ka mandé moun lajan ! Si yo lé ba mwen an bagay, enben man ka pwan'y. (Je ne demande pas d'argent ! Si quelqu'un veut à tout prix me donner quelque chose, eh bien j'accepte).

    Il serait trop long de rapporter ses propos qui nécessiteraient un livre entier, chose que je m'étais promise de faire sauf qu'entre temps, j'en vins à m'intéresser à un troisième sujet, en plus du conte créole et du quimbois, à savoir le "Bondieu-Couli" ou hindouisme créole. Grâce à l'ethnologue et indianiste Gerry L'Etang, je rencontrai le tout dernier Indo-Martiniquais à parler couramment la langue tamoule alors qu'il était de la troisième génération de descendants des travailleurs sous-contrat venu de Pondichéry et d'autres comptoirs français de l'Inde et n'avait jamais mis les pieds dans le pays de ces ancêtres. Pays où il affirmait se rendre chaque nuit en rêve ! Le vieil homme habitait dans une campagne de Basse-Pointe et avait été commandeur d'habitation (contremaître de plantation de canne à sucre) dans son jeune temps sur l'Habitation Eyma où naquit Aimé Césaire dont il me dit :  

   __Man té ka wè'y ka pasé adan ti chimen-an ou ka wè la-a lè i té kay lékol, rad-li bien eskanpé, ti bot-li bien siré... (Je le voyais passer sur le sentier là-bas quand il se rendait à l'école avec ses vêtements bien repassés et ses bottines lustrées). 

   "Zwazo" (Oiseau) tel qu'il était surnommé à savoir Antoine Tengamen, prêtre hindou, m'ouvrit les portes de l'indianité créole en m'organisant une cérémonie de conversion à l'hindouisme au temple de Moulin l'Etang, à Basse-Pointe, entre 3h et 4h du matin. C'est que j'envisageais depuis longtemps d'écrire un roman sur l'arrivée et l'installation des Indiens à la Martinique tandis que Gerry L'Etang projetait, lui, d'écrire la biographie de "Zwazo". Nous ne réalisâmes ces projets qu'en 2004 soit deux décennies plus tard s'agissant du mien (2004) et un peu plus s'agissant de celui de Gerry L'Etang (2019).

 

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   Je n'avais pas abandonné pour autant mon idée d'écrire un livre sur la personne du plus grand voyant de la Martinique, Concept Lapierre, mais mon manuscrit ne dépassa pas la trentaine de pages et je le mis de côté, déjà intéressé par un tout autre sujet comme d'habitude. Quand j'avais quitté son "cabinet" lors de notre rencontre, encore sous le coup de cette révélation d'un fait intime me concernant et tandis que je redescendais du Morne-des-Esses (au nord) vers le Vauclin (au sud) où j'habitais à l'époque, une bouffée de joie m'envahit soudainement. Concept Lapierre s'était trompé sur une chose, au moins une ! En effet, pendant qu'il me décrivait ma maison, avec un luxe de détails stupéfiants alors même qu'il ignorait mon adresse, il m'avait dit voir la photo d'un musicien apposée sur l'un des murs de mon salon.  

   __Il s'est trompé au moins une fois. Ouf ! me rassurais-je tout en conduisant prudemment sur cette route en lacets qui va du Morne-des-Esses au Gros-Morne et que je connaissais mal.  

   Etant peu connaisseur de musique, il était impossible qu'une photo de chanteur décorât mon salon qui, tout comme le reste de ma maison, débordait de livres, surtout ceux que j'avais écrits en créole et que personne n'achetait hormis quelques proches amis et parents (sans doute par charité chrétienne). Mais, une heure et demi plus tard, arrivé dans ma campagne du Vauclin, tout au sud, quand j'ouvris la porte de ma maison, je sursautai. La première chose que je vis, qui me sauta aux yeux quasiment, ce fut la photo décrite par Lapierre. Un poster de Bob Marley collé sur l'un des murs du salon ! L'un de mes fils l'y avait mis le matin même, après mon départ donc pour aller à la rencontre de l'auguste voyant du Morne-des-Esses. Lapierre avait donc eu tout vrai ! Il ne s'était pas trompé une seule fois.

   La seconde et dernière fois que je rencontrai l'éminent voyant-guérisseur, ce fut à l'occasion de l'enregistrement d'une émission-télé, "CRATERE", de RFO (aujourd'hui MARTINIQUE la 1è), émission qui connaissait, en ce milieu des années 80 où il y avait très peu de chaînes concurrentes, un grand succès. Elle était managée par M. Madelon et P. Chamoiseau et j'y participais tout comme l'écrivain Jean-Pierre Arsaye, le créoliste Pierre Pinalie et d'autres. Nous avions fait d'ailleurs une émission sur les conteurs créoles et une autre sur l'hindouisme créole et là, nous enregistrions Concept Lapierre pour une autre sur le quimbois. Tout s'est parfaitement déroulé. L'homme s'est montré courtois, avenant même, lui qui jusque-là avait toujours refusé d'être interviewé par la télévision. 

   Sauf qu'arrivés à Fort-de-France, les techniciens de RFO se rendirent compte que leurs cassettes étaient...vides. Vierges, quoi ! Rien n'avait été enregistré ! Ils vérifièrent leurs caméras et appareils de prise de son : tout fonctionnait pourtant à merveille.

   Sacré Lapierre, va !...

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