« STEPHANIE ST-CLAIR REINE DE HARLEM », UN RÊVE AMERICAIN

Intro

AVIGNON OFF 19. « Stéphanie St-Clair Reine de Harlem » D’après le roman de Raphaël Confiant – Mise en scène : Nicole Dogué – Adaptation/Comédienne : Isabelle Kancel – Au Petit Louvre du 5 au 27 Juillet à 20h20 – Durée 1h15

Texte

Drôle d’histoire que celle de cette martiniquaise qui, dans les années 1926, quitte la Martinique pour s’installer à Marseille et finit par partir pour les Etats-Unis où elle deviendra chef de gang, crainte des caïds les plus durs. Voilà donc le récit de ce spectacle d’après le roman de l’écrivain martiniquais Raphaël Confiant qui, à partir de documents administratifs et de papiers de presse d’époque, a pu mettre par écrit l’extraordinaire parcours de Stéphanie St-Clair. Intriguée par ce récit, la comédienne Isabelle Kancel a d’abord fait une adaptation théâtrale du roman puis a confié la mise en scène à Nicole Dogué qui livre ici un beau voyage dans ce temps des gangs de Harlem et de la mafia.

Difficile de comprendre qu’un tel roman n’ait pas été adapté pour le cinéma tant le parcours de cette jeune martiniquaise est incroyable et improbable ! Autodidacte, la jeune femme lit énormément et maîtrise rapidement plusieurs langues, d’une intelligence remarquable elle décide d’elle-même que sa place n’est pas de faire le ménage et décide de partir à la découverte de la métropole. Là, elle décide enfin de s’expatrier aux Etats-Unis pour vivre son rêve américain, très vite convaincue que la seule façon de s’élever dans la société est d’intégrer un gang, elle rejoint celui des irlandais puis crée le sien et monte au fil des ans un véritable petit empire. Elle finira sa vie âgée, dans une maison de retraite en ayant tout vécu, au côté des plus terribles chef de la mafia tel que Lucky Luciano, en ayant échappé au Ku Klux Klan .

Sur scène Isabelle Kancel qui a travaillé pour l’occasion avec un coach corporel passe de la Stéphanie St-Clair âgée à celle des années Harlem avec une aisance et une lecture déconcertante. Par un simple changement d’attitude et de posture elle parvient à nous plonger immédiatement dans les années de la prohibition et revient en un clin d’œil trente ans plus tard. Jouant aussi tous les autres personnages, du gros caïd à sa mère martiniquaise, elle convainc dans tous les rôles. Outre ce travail sur le corps la comédienne parvient également à mettre en relief le destin d’une femme multiple pouvant un jour être amoureuse ou, plus âgée, se battre contre la ségrégation ou les droits des femmes mais aussi, par colère, planter une fourchette dans l’œil de l’homme qui l’avait giflée !

Un spectacle réussi sur ce récit historique, un peu oublié mais particulièrement intéressant et intrigant, et sur cette étrange femme qu’a été Stéphanie St-Clair.

Pierre Salles

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