La collection "Poche" de Caraibéditions

28/09/2023 - 11:48
Intro

   Chaque livre possède deux manières d'exister : d'abord en grand format ou "broché", celui que l'on trouve le plus fréquemment sur les étals des librairies ; ensuite en petit format ou "en poche", celui qui se trouve le plus souvent sur les rayonnages des mêmes librairies. 

Texte

   La plupart des lecteurs ne le savent pas : la première vie, en grand format, est brève, de plus en plus brève de nos jours, en grande partie à cause de la surproduction éditoriale. Trois mois pour les auteurs débutants, six ou huit pour ceux qui en sont à leur quatrième et cinquième ouvrage dont l'un d'eux a été remarqué par la presse, 1 an, maximum 1 an et demi, pour les best-sellers. Ensuite, c'est soit la disparition soit la réincarnation, c'est-à-dire, une deuxième vie, cette fois en petit format dit "poche". Cela la majorité des lecteurs ne le savent pas non plus : près de 80% des livres ne vivent qu'une vie. Une seule ! La première. Ensuite, ils disparaissent à jamais ne subsistant qu'à l'état de momies dans les bibliothèques lesquelles__cela les lecteurs ne le savent pas non plus__sont submergées et régulièrement envoient certains de leurs livres au pilon. Autrement dit : direction la benne à ordures, puis l'incinération. C'est comme si ces livres n'avaient jamais existé ! Et répétons-le : cela concerne la grande majorité d'entre eux. 

   80% des livres publiés ne bénéficieront pas d'une deuxième vie !

   La littérature antillaise et guyanaise est frappée de plein fouet par ce phénomène. Certes, de temps à autre, des éditeurs locaux rééditent certains auteurs mais toujours en grand format dont on vient de dire qu'il n'assure pas la pérennité des ouvrages. Ces rééditions sont courageuses et bénéfiques mais sont des feux de paille. La seule solution est que nos éditeurs lancent des collections "Poche", or très peu d'entre eux s'y lancent car la marge bénéficiaire est minuscule, un livre de poche étant vendu trois fois moins cher en moyenne qu'un livre en grand format. Peu soutenus par les pouvoirs publics, vendant des produits (les livres) qui s'écoulent lentement, nos éditeurs n'ont le plus souvent pas le choix et doivent se restreindre au format le plus rentable économiquement à savoir le grand format. 

    Ce qui explique que nombre de nos auteurs de talent aient disparu des librairies : Clément Richer, Raphaël Tardon, Marie-Magdeleine Carbet, Marie-Thérèse Lung-Fou, Gilbert de Chambertrand, César Pulvar et tant d'autres. C'est pourquoi il convient de saluer le courage de Caraibéditions et sa collection "Poche" au magnifique design azur et ocre. Elle permet de donner une seconde vie à des ouvrages d'auteurs pourtant reconnus car il faut aussi savoir que ce ne sont pas tous les livres de ces derniers qui bénéficient du passage en poche. Comme au sein d'une famille, il peut y avoir des décès, chez les écrivains, certains de leurs livres "décèdent". Ils disparaissent des librairies à jamais faute d'avoir pu passer en poche. Parfois, c'est tel ou tel livre que l'auteur affectionne le plus qui n'est plus réédité. Un véritable crève-cœur pour lui !

    Grâce à Caraibéditions et à son dynamique directeur, Florent Charbonnier, ainsi qu'à leur collection "Poche" cette triste perspective se trouve désormais écartée d'autant et ce ne sont pas les seuls auteurs martiniquais, guadeloupéens, guyanais et haïtiens qui en bénéficient mais également leurs alter ego réunionnais et mauriciens. Sur la photo qui illustre le présent article, Ananda Devi est Mauricienne, Jean-François Sam-Long Réunionnais et Raphaël Confiant et Gaël Belem martiniquais...

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