Après avoir enseigné l'anglais pendant une quinzaine d'années dans divers lycées de la Martinique (Lycée technique Joseph Gaillard de Fort-de-France, lycée Frantz Fanon de Trinité, lycée Montgérald du Marin etc.), période que j'ai adorée, je me suis mis, sous l'amicale insistance de Jean Bernabé, à préparer une thèse de doctorat sur la littérature en langue créole de la zone américaine (Haïti, Guadeloupe, Martinique et Guyane). Zone que les créolistes opposent à la zone de l'océan indien (La Réunion, l'île Maurice et les Seychelles) même si toutes deux partagent la même base lexicale (le français) et sont assez largement intercompréhensibles.
A l'université, on n'est pas simplement enseignant mais enseignant-chercheur c'est-à-dire qu'une partie du travail consiste à faire des recherches, à publier des articles et des livres et à participer à des conférences ou des colloques, cela dans son domaine d'études évidemment et au sein d'un laboratoire de recherches. Dans mon cas, ce fut la Créolistique ou "Etudes créoles" qui regroupent la linguistique, la sociolinguistique, l'ethnolinguistique, l'anthropologie, l'analyse littéraire et la traductologie. Mon laboratoire était celui que Jean Bernabé avait d'abord créé en Guadeloupe, puis en Martinique, au sein de ce qui, à l'époque, était l'UAG (Université des Antilles et de la Guyane), laboratoire nommé GEREC (Groupe d'Etudes et de Recherches en Espace Créole) qui fonctionna pendant presque quatre décennies, publiant une bonne centaine d'ouvrages et environ deux-mille articles dans les disciplines indiquées plus haut. J'en fus le responsable des publications, notamment de ses trois reves (Espace Créole, Mofwaz et TEXTES-ET-DOCUMENTS) et, pendant un temps, le directeur-adjoint.
Le GEREC, devenu GEREC-F, suite à l'adjonction du FLE (Français Langue Etrangère), fut animé, outre Jean Bernabé par des personnalités brillantes, universitaires comme enseignants du secondaire : Robert Damoiseau, Jacques Coursil, Jean-Charles Vaillant, Raymond Relouzat, Serge Mam-Lam-Fouk, Robert Fontès, Alain Anselin, Gerry L'Etang, Max Belaise, Marijosé Saint-Louis etc...
Si j'aimais enseigner et faire de la recherche, j'appréciais beaucoup les conférences et les colloques qui sont une manière de restitution du travail effectué puisqu'ils étaient ouvert non seulement à nos étudiants et collègues mais aussi au grand public cultivé dans ce véritable cocon qu'est l'amphithéâtre Hellène Sellaye de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, sur le campus de Schœlcher.