La Martinique, terre de l'identité créole

Florence Gaillard et Georges Yazbeck ("FRANCE 24")

26/03/2025 - 07:48
Rubrique
Intro

Dans les départements d’Outre-mer, la langue et la culture créoles apparaissent comme un rempart contre le racisme et l’uniformisation. Le concept de "créolité" a été élaboré à la fin des années 1980, dans le sillage de "la négritude" d’Aimé Césaire et de "l’antillanité" d’Edouard Glissant. Pour mieux comprendre cette identité complexe, nos reporters Florence Gaillard and Georges Yazbeck se sont rendus sur l'île de la Martinique.

Texte

Quatre jours avant le mercredi des cendres, qui marque le début du Carême dans le christianisme, "les jours gras" commencent en Martinique : quatre jours de fête et de transgression totales. Tout le monde est convié au carnaval : les riches, les pauvres, les Blancs, les Noirs, les locaux, comme les touristes…

Parmi les figures emblématiques : le roi Vaval, les diables rouges et Marianne La Po Fig, une créature mystérieuse, fabriquée en feuilles de bananiers. D’après Marie-Lyne Psyché-Salpétrier, présidente de l’association Recherches et Traditions, Marianne La Po Fig fait partie du panthéon spirituel martiniquais, transmis par les ancêtres africains, plus spécifiquement yorubas.

 

Marianne La Po Fig, créature mystérieuse, fabriquée en feuilles de bananiers, est une figure emblématique du carnaval.

Marianne La Po Fig, créature mystérieuse, fabriquée en feuilles de bananiers, est une figure emblématique du carnaval. © FRANCE 24

Le philosophe Edouard Glissant (1928-2011) disait de la Martinique, sa terre natale, qu'elle est "le creuset du monde". Comme toutes les sociétés créoles, l'île des Caraïbes est l’héritière de trois siècles de colonisation, pendant lesquels se sont mélangés Européens, Africains et Asiatiques. Les autochtones amérindiens, appelés Kalinagos ou Caraïbes ont, eux, quasiment disparu.

Un métissage physique, mais aussi culturel avec l’apparition d’une langue populaire : le créole. Longtemps associé à l’esclavage, le créole était interdit à l’école, comme dans la bonne société. Mais grâce aux chansons et aux contes, il s’est développé pour devenir un langage fleuri et souvent polysémique. Nous avons rencontré Jocelyne Béroard, la chanteuse du groupe Kassav’, et c’est cette poésie qu’elle défend aussi bien sur scène qu’en interview. 

 

Jocelyne Béroard, chanteuse du groupe Kassav’ défend la poésie de la langue créole.

Jocelyne Béroard, chanteuse du groupe Kassav’ défend la poésie de la langue créole. © FRANCE 24

 

Pendant près de 30 ans, le Groupe d’études et de recherches en espace créole (GEREC) a travaillé à poser les bases écrites du créole, en publiant des dictionnaires et des romans dans un créole qui emprunte des expressions à la Martinique, à la Guyane, à Haïti, ou encore à La Réunion. Surtout, le GEREC a lutté pour faire passer le créole de la sphère orale aux livres d’école et aux bancs de l’université.

En 1989, Raphaël Confiant, Jean Bernabé et Patrick Chamoiseau ont publié "Eloge de la créolité", un manifeste qui célèbre l’identité créole comme l’acceptation de toutes les diversités et l’apologie des identités multiples. Pour l’écrivain Raphaël Confiant : "La créolité, c’est le contraire de l’apartheid !".

 

 

Pendant 30 ans, le Groupe d’Etudes et de Recherches en Espace Créole a travaillé à poser les bases écrites du créole.

Pendant 30 ans, le Groupe d’Etudes et de Recherches en Espace Créole a travaillé à poser les bases écrites du créole. © FRANCE 24

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