Coordonné par Renaud Govain, professeur de linguistique à la Faculté de Linguistique appliquée de l'Université d'Etat d'Haïti, ce numéro 2 de KREOLISTIKA, revue de créolistique du CRILLASH (Centre de Recherches Interculturelles de Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines) de l'Universités des Antilles, s'interroge sur les rapports entre langue créole et rationalité et plus largement langue créole et science.
KREOLISTIKA a pour directeur de publication Raphaël Confiant, professeur émérite à l'Université des Antilles, et pour directeur-adjoint, Max Belaise, maître de conférences en Langues et Cultures Régionales au sein de la même université.
L’idiome créole, des siècles durant, a répondu parfaitement aux besoins communicatifs de « la société de Plantation » dans laquelle les spéculations intellectuelles n’avaient pas leur place. Bien avant l’avènement de l’écriture, la Technologie fut longtemps un élément de survie pour tous les peuples de la terre. Mais le jour où elle s’est arrimée à la science, changement qui s’est opéré au cours du XIXe siècle essentiellement en Europe, puis en Amérique du Nord, la technologie, de populaire, est devenue savante, jusqu’à disparaître derrière les nécessités de la Science et la complexité de son expression. Or il n’y a pas de Science sans écriture. Longtemps perçue comme la langue de l’émotion, le créole ne pouvait prétendre servir à résoudre des équations, voire à traiter, véhiculer et transmettre des notions scientifiques. Passé au crible d’un raisonnement rigoureux ce préjugé, si tenace soit-il, laisse la place au constat d’une langue bien structurée et tout à fait apte à la fonction éducative et à la résolution d’équations mathématiques et logiques. En abordant la question sous l’angle de l’éducation, de la grammaire, de l’apprentissage des langues vivantes étrangères, de la danse, pédagogues, linguistes, anthropologues et écrivains interrogent, pour la mettre en évidence, la rationalité de la culture créole. À la manière du jardin créole, exemple-type de création d’apparence chaotique, qui n’en fascine pas moins les scientifiques par la rationalité qui sous-tend la gestion de ses cultures.
Domino ka rimé an pangal, mé par ka joué en pangal.
« On brasse les dominos dans le désordre, mais il y a des règles à respecter lors du jeu ».