Le personnage du fossoyeur a été fort peu étudié par la littérature ethnologique. Si le rituel de la veillée mortuaire, l'enterrement et la période de deuil ont fait l’objet de nombreuses études, celui par lequel le défunt traverse les portes de la mort, passe dans l’au-delà, demeure un inconnu. Au début des années 1990, un fossoyeur du Nord de la Martinique, Bati, a accepté de s’ouvrir à Raphaël Confiant et Marcel Lebielle et de leur dévoiler l’univers mystérieux dans lequel il évolue quotidiennement. Ses propos ont été enregistrés sur magnétophone et scrupuleusement reproduits, sans que rien ne soit changé ni aux idées exposées par le fossoyeur ni au type de créole utilisé par lui. Toutefois, l’intégralité de ces entretiens, qui se sont déroulés sur deux ans, ne pouvait, faute de place, être livrée au lecteur. Ce dernier a donc droit ici aux extraits les plus significatifs.
Achat de crânes de morts, de clous de cercueil afin de fabriquer des philtres magiques, apparitions de morts en rêve, révélation de trésors enfouis depuis des lustres etc. voisinent avec la description par le menu de ce dur métier de fossoyeur qui trouve de moins en moins d’adeptes. Nul doute que Bati vit dans un monde à part, un monde où la frontière entre la vie et la mort est sans cesse brouillée et où religion chrétienne, croyances négro-africaines et pratiques hindouistes se mélangent allègrement.
Il témoigne en tout cas, dans chacun de ses mots, dans ses certitudes et ses hésitations, dans ses espérances et ses déceptions, d’un mode de pensée qui n’existe presque plus aujourd’hui et qui est lié à l’ancien « système d’habitation » qui fut, trois siècles durant, le berceau de notre culture créole.
Raphaël CONFIANT
Éditeur Ibis Rouge Éditions
Support Livre broché
Nb de pages 152 p.
ISBN-10 2844501516
ISBN-13 9782844501516