"Sainte-Lucie a perdu un fils" a déclaré Christopher Hunte, l'un des leaders du parti STAFF (Sou Tout Apre Fete Fini). C'est qu'Yves Renard était un formidable organisateur d'actions populaires dans les domaines de l'environnement, du développement soutenable, de la pêche et même de la culture.
Lui, né de parents français en Guadeloupe, avait fait des études de Sciences sur le campus de Fouillole où il avait rencontré sa future épouse, Rosamund, originaire du Guyana. Tous deux avaient élu la ville de Laborie, dans le sud de Sainte-Lucie, comme leur port d'attache et y eurent deux enfants.
Yves Renard était aussi un grand défenseur de la langue créole, celle qu'il utilisait au quotidien avec les habitants de Laborie, notamment les marins-pêcheurs qu'il avait aidé à s'organiser, cela non seulement avec les différents gouvernements saint-luciens mais aussi diverses organisations internationales. Il fut le cofondateur de CANARI (Caribbean Natural Ressources Institute) qui, depuis des décennies, travaille à la protection de nos espaces insulaires en liaison avec le développement autocentré de nos îles.
Yves était mon ami, un grand ami. Son épouse décédée depuis une dizaine d'années, il n'avait pourtant pas perdu son énergie et sa passion pour la Caraïbe où il voyageait souvent et avait tissé des liens avec les principaux acteurs de l'écologie. Nous n'avions plus guère l'occasion de nous rencontrer mais gardions le contact par le biais du mail. Son dernier message, il y a environ six mois, m'avait à la fois amusé et ému : "J'ai retrouvé l'amour" avait-il écrit sobrement. Sans donner plus de détails sur sa nouvelle relation avec une jeune femme originaire de Grèce, pays où il se trouvait au moment de son décès la semaine dernière.
Son corps y a été incinéré et ses cendres seront rapatriées à Sainte-Lucie où elles seront dispersées en mer au large de Laborie. Yves Renard a reçu un hommage appuyé de nombreuses autorités saint-luciennes de quelque bord politique qu'elles soient, ainsi que des intellectuels et activistes de l'écologie.
Je n'ai pas voulu connaître la raison de son décès. Je préfère garder l'image souriante et débordante de fraternité de celui qui, sans ostentation aucune, fut un Gandhien.